Alfred Latour : Un Maître de la Forme et de la Lumière au Musée Réattu

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En parcourant les salles silencieuses du Musée Réattu à Arles, un lieu chargé d’histoire situé idéalement en bordure du Rhône, on ne peut s’empêcher de sentir un frisson artistique parcourir l’échine.

« Alfred Latour, Regard sur la Forme : Dialogue entre les arts », ouverte depuis le 27 avril, propose une immersion dans l’univers d’un artiste aux multiples facettes dont le travail continue de surprendre et d’inspirer. Alfred Latour, bien que moins connu du grand public que certains de ses contemporains, mérite une reconnaissance approfondie, et cette exposition fait justement cela avec brio.

Alfred Latour. Photo Guillaume Louyot

En tant qu’amateur d’Art, il est toujours fascinant de découvrir comment les commissaires d’exposition choisissent de narrer l’histoire d’un artiste. Ici, le dialogue entre le textile, le dessin et la photographie chez Latour est exploré avec une délicatesse qui ne peut que séduire les visiteurs. Pour comprendre pleinement la démarche, il fallait plonger dans les profondeurs de son œuvre, et c’est ce que nous avons fait, guidés par des rencontres enrichissantes.

Musée Reattu. Photo Guillaume Louyot

Notre visite a été ponctuée par des échanges profonds avec Pierre Starobinski, Directeur de la Fondation Alfred Latour, et Aziza Gril-Mariotte, Directrice du Musée des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon. Ces discussions ont révélé des nuances fascinantes de l’œuvre de Latour et de son impact sur l’art contemporain. Leurs expertises ont véritablement enrichi notre compréhension de l’exposition.

Alfred Latour. Photo Guillaume Louyot

Dès les premiers instants, l’exposition propose une thématisation ingénieuse qui guide le spectateur à travers la complexité des médiums utilisés par Latour. De ses photographies en noir et blanc aux textiles vibrants, chaque pièce raconte une histoire de formes et de textures. En tant que témoin de ce voyage artistique, on est frappé par l’aisance avec laquelle Latour passe d’un médium à l’autre, enrichissant chaque forme d’expression par ses explorations dans les autres.

Alfred Latour. Sans titre, ca 1930. © Fondation Alfred Latour, Lausanne

Au cœur de l’exposition « Alfred Latour, Regard sur la Forme » réside une fascinante coexistence entre ses œuvres photographiques, textiles et graphiques qui illustre l’habileté de l’artiste à naviguer entre divers médiums tout en conservant une cohérence stylistique et conceptuelle. Cette synergie se manifeste non seulement dans la complémentarité des textures et des formes, mais aussi dans la continuité des thèmes et des techniques. Les photographies de Latour, avec leur précision détaillée et leur jeu subtil de lumière et d’ombre, résonnent étonnamment avec ses textiles où les motifs capturés se transforment en tissus élaborés, chacun portant l’empreinte de sa vision artistique. Ses travaux graphiques, quant à eux, servent souvent de pont entre ces deux mondes, traduisant les motifs naturels et géométriques en illustrations raffinées qui influencent directement ses créations textiles. Cette intersection crée une expérience visuelle riche, offrant aux visiteurs un aperçu complet de la dynamique créative de Latour et de sa capacité à fusionner art et artisanat dans un dialogue artistique continu.

Les Thèmes de l’Exposition

  1. Végétal / Nature : C’est ici que l’on découvre comment les formes naturelles, stylisées jusqu’à l’abstraction, deviennent des motifs récurrents. Les textiles montrent une influence directe des photographies de la nature capturées par Latour, où même une simple feuille de figuier peut devenir un motif complexe.
  2. Lignes / Traces : Cette section illustre parfaitement comment l’art de la gravure et de l’illustration de Latour a enrichi ses créations textiles. Les photographies présentent un monde où chaque détail est une ligne potentielle, chaque ombre une inspiration pour le tissu suivant.
  3. Noir & Blanc / Couleur : Ici, la dualité chromatique de Latour s’exprime pleinement. Les impressions textiles en noir et blanc côtoient des œuvres où la couleur éclate, montrant comment il a transcendé les limitations techniques de son temps pour explorer les contrastes et les superpositions.
  4. Géométrie / Abstraction : La section finale est un hymne à l’abstraction. Les œuvres textiles, épurées et géométriques, dialoguent avec des photographies où chaque forme semble avoir été pensée pour transcender son sujet originel.
Pierre Starobinski. Photo Guillaume Louyot

À travers cette exposition, le Musée Réattu ne se contente pas de montrer Alfred Latour ; il le révèle. L’artiste, à travers son incroyable capacité à transformer le quotidien en art, est enfin reconnu dans toute sa complexité. Si vous n’avez pas encore vu cette exposition, courez-y. Alfred Latour n’attend plus que votre regard pour compléter le sien.

Pour plus d’informations et pour planifier votre visite, je vous invite à consulter le site de l’exposition : http://www.museereattu.arles.fr/alfred-latour-regard.html.

En quittant le Musée Réattu, on emporte avec soi un morceau de cette lumière et de ces formes, témoignages d’un artiste qui a vraiment regardé le monde.


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