L’Amazonie ne se réduit pas à une carte postale de jungle lointaine et mystérieuse. Avec AMAZÔNIA. CRÉATIONS ET FUTURS AUTOCHTONES, le musée du quai Branly – Jacques Chirac redonne la parole aux habitants de cette région trop souvent figée dans l’imaginaire occidental. Pensée comme une immersion dans les cosmogonies, les rituels et les savoirs des peuples amazoniens, l’exposition propose un autre récit : celui d’un monde vivant, mouvant et créatif.
L’originalité du projet tient à son commissariat à deux voix : Leandro Varison, anthropologue et directeur adjoint du département de la recherche et de l’enseignement du musée, et Denilson Baniwa, artiste, designer et militant des droits autochtones brésiliens. Ensemble, ils ont conçu une exposition où les œuvres traditionnelles dialoguent avec des créations contemporaines. Les collections du musée côtoient ainsi des installations sonores, des peintures, des masques et des œuvres actuelles d’artistes autochtones.
Selon les mythologies amazoniennes, la création n’est pas un événement fondateur unique mais un cycle permanent. Pas de “premier monde” ni d’origine absolue : chaque être est le prolongement d’un autre, chaque forme de vie naît d’une transformation. Ce rapport au monde est mis en scène dès la première section de l’exposition : le mythe aquatique des Iny Karajá, l’histoire des peuples du Rio Negro, ou encore l’installation immersive qui fait résonner la musique du démiurge Kowai, dont le corps est composé des sons des animaux de la forêt.

Dans la vision amazonienne, l’humanité n’est pas donnée une fois pour toutes. Elle se construit dans le temps, au gré des rites de passage, des soins chamaniques, des échanges avec les non-humains. Un individu peut évoluer vers l’animal, l’esprit ou une autre forme d’existence. Plumasserie, urnes funéraires précolombiennes, peintures corporelles ou installations sonores restituant la diversité linguistique composent cette partie de l’exposition, qui montre combien l’art et les savoirs participent de ce façonnage de l’humain.
Les mondes amazoniens ne séparent pas strictement les humains du reste du vivant. Les animaux, les plantes, les esprits, les phénomènes naturels sont aussi considérés comme des personnes, dotées d’intentions et capables d’entrer en relation. Masques incarnant les esprits, effigies funéraires, œuvres contemporaines du peintre Brus Rubio Churay témoignent de cette ouverture radicale de l’humanité à d’autres formes de vie et de pensée.

Loin d’être figés dans la tradition, les savoirs amazoniens s’adaptent et se réinventent. Ils rejoignent parfois la démarche scientifique occidentale, comme dans l’observation des migrations d’oiseaux pour prévoir la saison des pluies. Mais ils s’appuient aussi sur les rêves, les visions et les expériences chamaniques pour comprendre et agir sur le monde. Ces connaissances, profondément ancrées dans l’écologie et la relation au vivant, offrent une lecture précieuse face aux enjeux contemporains, du changement climatique à la préservation des forêts.
AMAZÔNIA. CRÉATIONS ET FUTURS AUTOCHTONES invite à repenser notre propre conception de la modernité. En croisant arts anciens et créations contemporaines, mythes fondateurs et réflexions actuelles, l’exposition rappelle que l’Amazonie n’est pas un territoire figé, mais une source d’imaginaires et de savoirs vivants, capables d’inspirer l’avenir.
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📍 Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris
🎟️ AMAZÔNIA. CRÉATIONS ET FUTURS AUTOCHTONES
Du 30 septembre 2025 au 18 janvier 2026