Une héroïne républicaine dans l’ombre
Les attentats de Paris se sont déroulés dans la soirée du 13 novembre 2015, faisant 131 morts et 413 blessés.
Dix ans plus tard, France Télévisions propose une série qui met en lumière l’une des figures les plus discrètes et pourtant les plus courageuses de ces journées : Sonia (nom d’emprunt), témoin clé dans la traque du dernier commando terroriste.
Son geste a permis de sauver des vies, mais l’a condamnée à disparaître derrière une nouvelle identité.
Au lendemain des attaques, alors que la France est en état de sidération, un groupe de terroristes est en fuite et s’apprête à frapper à nouveau.
Sonia, mère de famille musulmane et française, fait le choix d’agir : elle alerte la police, les aide à localiser les fugitifs et met fin à leur cavale.
Un acte héroïque qui lui vaudra la reconnaissance des enquêteurs de la Sous-Direction Anti-Terroriste (SDAT), du RAID, de François Hollande et de Bernard Cazeneuve, mais aussi une vie d’ombre et d’exil intérieur.
« L’affaire de terrorisme est une affaire de tous, pas seulement des forces de l’ordre.
Si c’était à refaire, je le referais. » — Sonia
Lors de la présentation de la série, un enquêteur de la SDAT, identifié sous le nom de code SDAT99, a rappelé le contexte exceptionnel de ces heures :
« Nous avons reçu environ 17 987 appels de témoignage après les attentats.
Trois seulement se sont révélés déterminants, dont celui de Sonia.
Son action a été décisive, mais dans ce type d’enquête, il ne faut jamais rien laisser dans le doute : certaines tentatives de guet-apens ont existé. »
L’avocate Samia Maktouf souligne de son côté l’injustice du traitement subi par cette femme :
« Personne ne comprend sa garde à vue.
Elle a été traitée comme une criminelle, alors qu’elle venait d’empêcher un nouveau massacre. »
Et Sonia, par la voix de l’équipe du film, confie aujourd’hui la persistance de sa douleur :
« Ma vie est extrêmement difficile.
Le traumatisme d’avoir été menacée par arme, d’avoir vécu tout cela, est toujours là.
Aucun psy n’arrive à soigner ça. »
Réalisée par David André et Violette Lazard, 13 Novembre – Le choix de Sonia adopte une forme hybride, entre fiction et documentaire.
La mise en scène repose sur un dispositif original : une grande pièce séparée par un voile blanc, symbole de la frontière entre la vraie Sonia – filmée sans jamais révéler son visage – et l’actrice Carima Amarouche, qui incarne son double à l’écran.
Ce choix permet de donner corps à sa parole sans trahir son anonymat, tout en traduisant la distance qui la sépare désormais du monde réel.
Dix ans après, Sonia témoigne de la difficulté de vivre avec le traumatisme : la menace, la peur, le sentiment d’injustice d’avoir été traitée comme une suspecte alors qu’elle venait d’empêcher un nouveau massacre.
Aucune reconnaissance officielle, peu de soutien psychologique, et un quotidien marqué par la solitude.
« Le programme de protection n’était pas prêt », rappelle son avocate.
À travers cette série en quatre épisodes, CAPA signe un récit fort, sensible et d’une rare humanité.
13 Novembre – Le choix de Sonia redonne voix à une femme que la République aurait pu oublier, et rappelle qu’au cœur du chaos, il y eut aussi du courage, du discernement et une immense dignité.
Diffusion : jeudi 13 novembre à 21h10 sur France 2 – disponible dès le vendredi 7 novembre sur france.tv
Série documentaire-fiction (4 x 30 min) de David André et Violette Lazard – CAPA Presse.
Photos : Guillaume Louyot / Onickz Artworks