Comprendre la complexité des liens familiaux à travers le cinéma : critique de « Films de famille » de Philippe Collinet

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Dans un monde où les dynamiques familiales évoluent sans cesse, Philippe Collinet signe avec Films de famille : Complexes familiaux un ouvrage hybride qui fusionne subtilement la psychanalyse et le . Ce , loin d’une simple analyse académique, explore avec une plume cinéphile les complexités des relations humaines telles qu’elles se déploient sur grand . Une immersion fascinante dans les entrelacs des sentiments, des secrets, et des non-dits familiaux.

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Collinet commence par poser une question simple mais essentielle : qu’est-ce qui fait une famille aujourd’hui ? À travers cette interrogation, il revisite les représentations filmiques des relations familiales dans des œuvres telles que Un conte de Noël de Desplechin, La Chambre du fils de Moretti ou encore Juste la fin du monde de Dolan. Ces films ne sont pas de simples récits dramatiques, mais des miroirs déformants où chaque spectateur est invité à projeter ses propres blessures ou souvenirs refoulés.

Loin d’être un simple catalogue d’œuvres, le livre de Collinet se lit comme une véritable introspection collective. En convoquant Lacan et Freud, il nous rappelle que derrière chaque familial se cache un « complexe » : qu’il s’agisse du complexe d’œdipe ou du complexe de l’intrusion, les films choisis deviennent des terrains de jeu psychanalytiques où se rejouent des scénarios universels.

L’idée centrale de Collinet est que le cinéma, comme la psychanalyse, offre un espace-temps privilégié pour dire l’indicible et révéler les fractures familiales cachées. À l’ du cabinet du psychanalyste, la devient un sanctuaire où le spectateur peut observer, ressentir, et peut-être même exorciser ses propres traumatismes.

Prenons l’exemple de Sonate d’automne d’Ingmar Bergman, une œuvre que Collinet dissèque avec minutie. Le , centré sur la confrontation entre une mère et sa fille, incarne selon lui la quintessence des « débâcles affectives » qui jalonnent les parcours familiaux. Les non-dits, les reproches et les attentes déçues s’entrelacent dans un ballet émotionnel dont l’intensité rappelle la puissance d’une séance psychanalytique.

L’un des aspects les plus captivants du livre est l’analyse des secrets de famille, ces « bombes à retardement » cinématographiques. Collinet montre comment certains films exploitent ces secrets pour créer du suspense et provoquer des catharsis. Il cite notamment Le Mépris de Jean-Luc Godard, où les blessures invisibles d’un couple s’exacerbent jusqu’à la rupture, ou encore La Cérémonie de Claude Chabrol, où le silence autour des origines sociales des protagonistes alimente une tension dramatique insoutenable.

Mais ce qui distingue Collinet, c’est sa capacité à lier les mécanismes filmiques aux concepts psychanalytiques. Il rappelle que les secrets familiaux, tout comme les traumatismes refoulés, ne disparaissent jamais vraiment : « Le secret des secrets, c’est qu’ils sécrètent », écrit-il, citant avec justesse l’influence du non-dit sur la dynamique familiale.

L’auteur accorde également une place particulière aux cinéastes qui, par leur regard singulier, ont su mettre en lumière les défaillances et les beautés des structures familiales. Il loue le travail d’Arnaud Desplechin, dont les films, tels que La Vie des morts et Un conte de Noël, traitent la famille comme une arène où s’affrontent héritage et rupture, amour et haine.

Il est aussi souligné l’impact des productions populaires, notamment les films de Spielberg, décrit comme « le cinéaste de la jeunesse, des souvenirs d’enfance et des traumatismes transgénérationnels ». Avec The Fabelmans, Spielberg livre une autobiographie cinématographique où la pellicule devient le d’une mémoire tantôt douce, tantôt amère.

Films de famille est une réflexion sur la façon dont le cinéma et la psychanalyse peuvent dialoguer pour explorer les tréfonds de l’âme humaine. En lisant ce livre, on prend conscience que chaque film de famille — qu’il soit amateur ou signé par un grand auteur — est une tentative de figer l’insaisissable, de donner un sens à l’éphémère. Mais c’est aussi un rappel que, derrière les images figées, subsiste toujours une réalité mouvante et complexe, où le désir, le regret et l’amour s’entrelacent.

Alors, que reste-t-il à espérer des films de famille ? Peut-être simplement qu’ils continuent de refléter nos quêtes intimes et collectives, tout en nous rappelant, comme le dit Philippe Collinet, que « le cinéma est un langage capable de révéler ce que la parole cache ».


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