Du 26 septembre au 2 octobre 2025, la Cinémathèque française accueille Kathryn Bigelow pour une rétrospective exceptionnelle, en présence de la cinéaste. Première femme à avoir remporté l’Oscar du meilleur réalisateur pour Démineurs en 2010, Bigelow s’est imposée comme une figure unique à Hollywood : une autrice qui conjugue rigueur politique, innovation formelle et intensité sensorielle.

« Je ne crois pas trop au concept de film féminin ou masculin. Pour moi, il y a avant tout des cinéastes », affirme-t-elle. Une phrase qui résume sa trajectoire, loin des clichés et des étiquettes, au service d’un cinéma qui interroge sans relâche la violence, ses ressorts et ses représentations.
Révélée en 1987 avec Aux Frontières de l’aube (Near Dark), une histoire de vampires héritée à la fois du western et de la contre-culture, Bigelow ouvre dès ses débuts une voie marginale mais centrale dans le cinéma américain. Ancrée au cœur du système hollywoodien tout en gardant une indépendance farouche, elle s’impose comme une cinéaste qui scrute l’éthique et le politique par le prisme de récits nerveux, souvent au présent immédiat.

DEMINEURS (THE HURT LOCKER) de Kathryn Bigelow 2008 USA
avec Jeremy Renner
Point Break, Strange Days, Zero Dark Thirty ou encore Detroit traduisent cette urgence à saisir l’histoire dans l’instant, que ce soit l’extrême du sport, la traque de Ben Laden ou les fractures raciales de l’Amérique contemporaine.
L’art du point de rupture
Bigelow filme l’instant où tout bascule. Ses scènes inaugurales plongent d’emblée le spectateur dans l’action : le braquage de Strange Days, les entraînements de Blue Steel, ou les interventions explosives de Démineurs. Chaque plan teste la limite, la vitesse, le vertige, jusqu’au « breaking point » où se révèlent les failles de l’humain.


LE POIDS DE L’EAU (THE WEIGHT OF WATER) de Kathryn Bigelow 2000 USA
avec Sean Penn
Si ses personnages masculins sont souvent captifs de leurs propres pulsions, elle oppose à ces fragilités des figures féminines d’une puissance inédite : Jamie Lee Curtis en policière armée dans Blue Steel, Angela Bassett dans Strange Days, Jessica Chastain en analyste de la CIA dans Zero Dark Thirty. Des héroïnes façonnées à contre-courant, que sa caméra magnifie sans concession.
Une avant-première mondiale
Cette rétrospective s’accompagne d’un événement de taille : la présentation en avant-première de A House of Dynamite, le nouveau film de Kathryn Bigelow, en association avec Netflix. La séance aura lieu le jeudi 2 octobre à 20h, en présence de la réalisatrice.

En quarante ans de carrière et seulement onze longs métrages, Kathryn Bigelow s’est imposée comme l’une des cinéastes les plus marquantes de sa génération. Anthropologue du présent, elle filme la brutalité, les obsessions et les paradoxes d’une société américaine en quête de sens.
Son cinéma ne cherche pas à rassurer, mais à mettre le spectateur face à ses propres limites. À la Cinémathèque, cette rétrospective s’annonce comme une immersion dans l’œuvre d’une artiste qui n’a jamais cessé d’ébranler Hollywood.
