Du 21 mars au 14 septembre 2025, le musée de Montmartre accueille une rétrospective exceptionnelle consacrée à Maximilien Luce (1858-1941), une figure clé du mouvement impressionniste et du divisionnisme. Cette exposition met en lumière le rôle central de Montmartre dans la vie et l’œuvre de Luce, retraçant son évolution artistique à travers ses paysages parisiens, ses voyages en province et ses influences anarchistes.
En 1887, Maximilien Luce pose ses valises rue Cortot, à Montmartre. Ce quartier bohème, fréquenté par de nombreux artistes de l’époque, devient le théâtre de son émancipation artistique. Débarrassé de l’influence directe de ses maîtres, il adopte le style divisionniste inspiré de Seurat et Signac, abandonnant progressivement les teintes sombres pour une palette plus lumineuse et audacieuse. Il peint alors les vues depuis ses fenêtres, capturant le charme unique de Montmartre et de ses ruelles pavées.
Sa vie personnelle se mêle étroitement à son art : Ambroisine, sa compagne, et leurs deux enfants deviennent des figures récurrentes dans son travail. C’est à Montmartre que Luce trouve son équilibre, entre la vie familiale et la création artistique.
Luce n’est pas seulement un peintre de paysage, c’est aussi un artiste engagé. Dès 1887, il collabore avec des revues anarchistes comme La Révolte et Le Père Peinard, dénonçant les injustices sociales et le militarisme. Son engagement lui vaut d’être arrêté en 1894, après une série d’attentats anarchistes. Incarcéré à la prison de Mazas, il y reste 42 jours, durant lesquels il réalise une série de dessins poignants représentant la vie carcérale.
Après sa libération, Luce ne renonce pas à ses idéaux. Il continue à illustrer la vie des ouvriers parisiens, les chantiers de construction et la dureté de la vie urbaine dans une série de toiles marquées par une grande intensité sociale et émotionnelle.
Paris reste au cœur de l’œuvre de Luce. De son atelier situé au 102, rue Boileau, il peint inlassablement les quais de la Seine, les ponts, les chantiers haussmanniens et les rues animées de la capitale. Il s’intéresse à la lumière changeante de la ville, aux reflets sur l’eau et à l’effervescence des foules.
Ses nocturnes parisiens sont parmi ses œuvres les plus remarquables : le scintillement des réverbères, la brume sur la Seine, et le brouhaha des rues sont restitués avec une sensibilité unique. Luce immortalise le quotidien des Parisiens, des ouvriers aux promeneurs, capturant l’âme vibrante de la Ville Lumière.
Si Paris est son port d’attache, Luce est également un voyageur curieux. Il explore la Normandie aux côtés des Pissarro, découvre la Bretagne et ses côtes escarpées, et peint les ports méditerranéens de Saint-Tropez à l’invitation de Paul Signac.
Mais c’est en Belgique, dans la région industrielle de Charleroi, qu’il trouve une nouvelle source d’inspiration. Fasciné par le contraste entre les terrils, les cheminées et le ciel chargé de fumée, Luce produit une série de toiles saisissantes, révélant la beauté austère du Pays-Noir.
En 1917, Luce s’installe à Rolleboise, un village paisible sur les rives de la Seine. Ce cadre bucolique marque une nouvelle étape dans son œuvre. Il adopte une touche plus libre, explorant les reflets sur l’eau, les variations de lumière et les paysages vallonnés. Jusqu’à sa mort en 1941, Luce continue de peindre avec la même passion, célébrant la nature et la vie simple.
Cette rétrospective du musée de Montmartre réunit des œuvres majeures de Luce, issues de collections publiques et privées. De ses premières toiles montmartroises à ses paysages divisionnistes en passant par ses œuvres engagées, l’exposition offre une vision complète de l’artiste, à la fois témoin de son temps et explorateur de la lumière. Une occasion unique de redécouvrir la richesse de l’œuvre de Luce et de comprendre son apport essentiel à l’art moderne.