En Afghanistan, l’invisible devient la norme. Depuis leur retour au pouvoir en 2021, les talibans mènent une guerre acharnée contre les femmes, effaçant leurs droits et leur présence de l’espace public. La dernière décision, annoncée le 28 décembre, pousse l’absurde jusqu’à interdire les fenêtres donnant sur les espaces résidentiels où des femmes pourraient être vues. Ce contrôle total de leur existence sous prétexte d’éviter des « actes obscènes » illustre une réalité glaçante : la culture, au sens large, s’effondre lorsque la moitié d’un peuple est réduite au silence.
Les interdictions s’accumulent à un rythme effréné. Privées d’éducation, bannies du marché du travail et désormais invisibilisées jusque dans leurs propres maisons, les femmes afghanes subissent un apartheid de genre. Ce traitement, présenté comme une interprétation religieuse, annihile les piliers mêmes de la culture. La voix des femmes, qu’elle chante, récite ou enseigne, est un vecteur essentiel de transmission des savoirs et des traditions. Leur effacement n’étouffe pas seulement des individus : il étouffe la mémoire collective et l’avenir culturel du pays.
Dans ce contexte, comment l’Afghanistan pourrait-il espérer se relever ? Le développement d’une nation repose sur la participation active de tous ses citoyens. En excluant systématiquement les femmes, les talibans condamnent leur pays à un sous-développement perpétuel. La culture n’est pas un luxe : elle est la boussole qui oriente les sociétés, la force qui nourrit la créativité, l’innovation et le progrès.
Cette situation dépasse les frontières afghanes. L’indifférence internationale face à cet apartheid de genre serait une trahison des valeurs universelles que sont la liberté et l’égalité. Les discussions menées par les Nations unies à Doha, où les mouvements de défense des droits des femmes ont été exclus, ne sont qu’une preuve de plus de l’échec de la realpolitik. Soutenir la culture et la liberté en Afghanistan est un devoir collectif, pour éviter que l’obscurantisme ne devienne un modèle.
L’histoire nous enseigne que la résistance culturelle, même face à l’oppression la plus brutale, est possible. Les femmes afghanes, malgré leur enfermement, incarnent cette flamme. Mais elles ne peuvent être les seules à la porter. Le monde doit les rejoindre dans ce combat, car l’avenir de la culture, en Afghanistan et ailleurs, dépend de la liberté de toutes et tous.